Le « sumac trebla », une plante à connaître pour ne pas se planter dans la vie

04/06/2025

Le « sumac trebla », une plante à connaître pour ne pas se planter dans la vie

— Par Alexander Guilbert, co-Président de la CFJJL

 

Plante mystérieuse aux vertus mentales étonnantes, le sumac trebla pousse là où les mots cherchent à bien dire. Entre souvenir personnel, quête de justesse et engagement associatif, ce petit récit présidentiel explore comment bien nommer les choses peut, parfois, contribuer un peu à réparer le monde.

Peu connue du grand public, Sumachus treblensis — communément appelée sumac trebla — est une plante discrète que l’on dit originaire des hauts plateaux du Jura suisse, de certaines zones boisées du Canada et, plus étonnamment, des contreforts du Massif armoricain.

 

Ses feuilles finement nervurées rappellent des caractères manuscrits, ce qui lui vaut une certaine réputation dans les cercles littéraires confidentiels. 

 

Cousine de la nigelle de Nouvelle-Zélande, elle est réputée pour ses effets légers mais persistants sur la clarté mentale : une infusion de ses feuilles serait à la fois désinhibante, stabilisante et légèrement euphorisante — propice aux prises de décision éclairées, notamment lorsqu’il s’agit de nommer les choses avec justesse. Car bien nommer, c’est déjà commencer à comprendre, à apaiser. C’est aussi la ligne directrice du CFJJL, dont les statuts eux-mêmes témoignent de cette exigence éthique et sémantique.


Le sumac trebla est une plante arbustive aux feuilles finement nervurées comme le ginkgo, au goût légèrement citronné comme le sumac, et aux propriétés médicinales proches de la sauge ou du ginkgo — un croisement entre la forme élégante, l’arôme subtil et les vertus cognitives.


Le sumac trebla, j’en ai pris plusieurs fois. D’abord en tant que jeune adulte en quête d’expériences, et puis plus récemment, comme quadragénaire fatigué de tourments et meurtri de multiples malveillances.

 

En infusion surtout, pour la chaleur et la douceur parfumée qu’il émet. Mâcher ses feuilles les plus vertes était aussi très agréable. Pendant plusieurs semaines, généralement au coucher. 
Et les effets ont été surprenants d’efficacité : moins de maux de tête, un meilleur sommeil et, à mesure que mon corps se rétablissait doucement, des idées de plus en plus claires, sur de plus en plus de sujets : des pensées arborescentes qui me poussaient sous le crâne comme des éclairs. Sur mes envies et sur le sens du commun, un principe encré en moi, à leur donner.

 

Notamment, comme je l’explique en début d’article, cela m’a amené à une révélation : l’importance, le caractère essentiel même, de trouver les bons mots pour désigner les bonnes choses, qu’elles soient effectives ou attendues. Il faut savoir dire, avec les mots idoines, ce que l’on souhaite être, avoir ou faire.

 

Quand des parents aimants et responsables donnent naissance et un prénom à un enfant, ils n’aiment pas, et celui-ci encore moins, qu’on le leur écorche.

 

J’ai vécu cela à titre personnel, ayant un prénom atypique pour la France, dont ni l’orthographe ni la prononciation ne sont évidentes. Dans le Nord où j’ai passé les 20 premières années de ma vie, la fin d’Alexander se prononce comme celle de « retardataire », tandis qu’ailleurs mon prénom rime plutôt avec « retardateur ». Ni même son existence ! Je ne compte plus les fois où un prof ou un collègue de travail m’ont appelé Christopher, simplement pour sa finale proche à l’oreille. J’ai même eu droit, adolescent, de la part d’un oncle éloigné un peu dyslexique, à Abdelkader !

 

Ce « caprice » presque obsessionnel — insister pour que les choses, comme les personnes, les plantes, les animaux, soient correctement nommées — me vient peut-être de là, ainsi que mon goût immodéré pour les anagrammes, puisque souvent on m’appelle Alexandre !


Bien nommer les choses, donc, à commencer par le nom de l’association : une trouvaille personnelle, que j’ai longtemps et mûrement réfléchie sous toutes ses coutures, et qui a été assez facilement approuvée par les autres fondateurs de la CFJJL.

 

Ainsi est née la Compagnie Francophone des Joueurs et des Joueuses de Lettres, avec des statuts signés le 1er janvier 2025. Une date anniversaire qui sera difficile à oublier.

 

Bien sûr, il y a dans le monde bien d’autres sujets propres à révolter un homme — surtout quand il est blessé et doit d’abord penser à lui—, mais à titre personnel, je ne me sens pas du tout assez fort pour les porter au quotidien.

 

D’où ce projet « semi-pro », « semi-perso », consacré à mes rêves d’enfant : « jouer et faire jouer », en l’espèce avec les lettres et les mots. Il y avait aussi « rire et faire rire », mais le défi est, intellectuellement parlant, bien moins « complet » que ce projet associatif mêlé de résilience et de dépassement de soi au service du commun.

 

Un projet que, bien que « galère », quelques-uns me font l’honneur et la tendresse de porter avec moi, non pas seulement par gentillesse ou par générosité, même si ce sont des qualités humaines que j’apprécie vivement chez eux, mais aussi et surtout parce qu’ils y croient ! Soit en ce projet, soit en mon dynamisme compétent pour le mener à bien, soit en les deux.

 

Et puis, rien ne dit qu’on ne pourra pas justement sauver quelques esprits, puisque la CFJJL va les rassembler autour d’activités qui, justement, consacrent l’Esprit avec un grand E. Tous les jeux de lettres sont, sans exception, des jeux de l’esprit, certains même pouvant être pratiqués sportivement au même titre que les jeux du corps. Le sport, ce n’est pas que de l’activité physique, ce sont surtout des compétitions, des entraînements, des records, des dépassements de soi, des modèles d’émancipation sociale pour les jeunes...


Et puis, si vous jouez déjà avec les lettres, vous savez peut-être déjà que pour passer de PHYSIQUE à PSYCHIQUE, il ne manque que la lettre C !

 

Le sumac trebla, pour en revenir à cette anecdote fondatrice et pour conclure avec elle, est ainsi une plante très mystérieuse, presque mystique, par les bénéfices qu’elle m’a prodigués à une période très douloureuse de ma vie.


Avec des vertus proches de l’alchimie et de la sublimation, je dirais que le sumac trebla transforme le plomb terreux en vapeurs dorées, avec une haute teneur en azote qui en fait un fertilisant très efficace pour cultiver son jardin secret.

 

AL

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